Témoignages

Carnets de Raymond Raoul Lambert, Directeur Général de l'UGIF,
mort en déportation avec sa femme et ses quatre enfants.

Lundi 10 Août : journée terrible... quels gestes des pauvres pères qui, avant la déportation définitive, caressent le visage d'un fils ou d'une fille, comme pour en conserver l'empreinte au bout des doigts ! Des mères hurlent de désespoir et personne ne peut retenir ses larmes... certaines femmes conservent une remarquable distinction...

Les wagons, noirs comme des corbillards, attendent sur la voie de garage. Encadrés par des gardes en armes, des humains qui n'ont commis aucun crime, parce qu'ils sont juifs, sont livrés par mon pays qui leur avait promis asile à ceux qui seront leurs bourreaux.

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Pasteur Henri Manen, Aumônier du Camp - "Juste parmi les Nations", devant le convoi du 2 septembre 1942

Ce qui était particulièrement douloureux à voir c'était le spectacle des petits enfants.

Car des ordres stricts furent donnés en dernière heure tels qu'au-dessus de 2 ans, tous devaient obligatoirement partir avec leurs parents...

Des enfants tout petits, trébuchant de fatigue dans la nuit et dans le froid, pleurant de faim... de pauvres petits bonshommes de 5 ou 6 ans essayant de porter vaillamment un baluchon à leur taille, puis tombant de sommeil et roulant par terre, eux et leurs paquets - tout grelottant sous la rosée de nuit ; de jeunes pères et mères pleurant silencieusement et longuement dans la constatation de leur impuissance devant la souffrance de leurs enfants ; puis l'ordre de départ fut donné pour quitter la cour et partir au train.

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Paroles de déportés

Liselotte Karpfen

Internée aux Milles (en 1942), j'ai assisté à un suicide. Le chiffre de 50 mariages blancs n'est peut-être pas trop fort. J'ai écrit à deux flirts marseillais. Aucun n'est venu ! Mon amie Dieta et moi, nous nous cachions dans un four (...) sous des planches.

Prof. Simon (Yad Vashem)

Arrêté à la gare Saint-Charles le 26 août 1942, deux gendarmes en bicyclettes... Misérable pitance, saleté, puces, punaises (...) détournements de nourriture ...
on déchire les visas américains. Les déportés chargés à coups de crosse de fusil (...) sauvé grâce à un télégramme de son fils légionnaire.

Félicie Awerbuch

Je n'avais que 13 ans... Nous avons été arrêtés dans le train par la milice et emmenés au Camp des Milles où une grande foule nous avait déjà devancés... Nous étions couchés sur des paillasses par terre. Les poutres de la salle étaient couvertes de punaises qui nous attaquaient la nuit... Un jour, mon père, accompagné d'un milicien, est venu m'embrasser pour la dernière fois... Il me semble que la maladie a empêché mes parents de s'évader par un tunnel.

Dieta Gallet

Nous étions environ une dizaine de filles et garçons entre 15 et 18 ans que l'OSE a cachés le soir sur le toit du camp jusqu'après le départ du train. Nous avons aussi été aidés par des sœurs de N-D de Sion.

Elisabeth Steinitz, réfugiée à Marseille

Le 26 août 1942 à 5 heures du matin, plusieurs policiers feront irruption (...). Une jeune réfugiée polonaise se jeta par la fenêtre ... Le pasteur protestant (Manen), garantissant l'authenticité de mon certificat de baptême, a obtenu des autorités du camp que mon nom fût rayé de la liste des déportables (...). Au matin, la cour était vide, le train était toujours là (...). On nous donna l'ordre de descendre. Un homme botté, vêtu de noir, qui ressemblait étrangement à un SS ... Je crois, le chef de la police (...) de Marseille (...) une espèce de cravache à la main avec laquelle il désigna certaines femmes (...). Je réussis à m'évader.

Oscar Lusting

1939 Dachau Antibes... Les Milles... déportation après avoir été dépouillés de nos biens par les [Gardes mobiles de réserve]... Le voyage dura de huit à dix jours à travers l'Allemagne, véritable torture (...). À notre arrivée en Haute Silésie, il y avait trois morts. Auschwitz... Gross-Rosen, quarante- cinq mois de camp.





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L'appel des grands anciens du Site-mémorial du Camp des Milles

Sidney CHOURAQUI, Denise TOROS-MARTER, Louis MONGUILAN
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